MA VIE EST UN ROMAN

Prologue

 

Léonie est née en 1898 dans un petit village alsacien. Elle était la deuxième d’une famille de  cinq enfants avec trois sœurs, Ernestine, Anna et Elise  et un frère, Emile.

Son père était bottier et la famille avait une vie assez confortable. Mais une profonde blessure le tourmentait, comme nombre d’alsaciens ! A 25 ans, après la défaite de Sedan, il deviendra allemand et son sentiment patriotique sera exacerbé pendant près de cinquante ans.

Sa mère Catherine avait des origines suisses et était beaucoup plus jeune. Sur la seule photo que nous ayons de la famille réunie, le père est fier et semble intransigeant, et il l’est ! Son fils est lui aussi dressé comme un vainqueur entourés des robes grises et encombrantes des cinq femmes de la famille : la mère et ses filles. Comment distinguer la mère des filles ainées ?

Qui sont-elles ? Qu’elles ont été  leur vie, leur envie, leur destin ?

En ce début du 20ème siècle, le patriarcat est loi et qui oserait s’y opposer ?

Les enfants seront éduqués « à l’allemande » et le fils deviendra rédacteur en chef des Dernières Nouvelles d’Alsace » maniant aussi bien le français que l’allemand.

Et pour les filles ?

Parce qu’il en a les moyens, il donnera à ses filles une éducation stricte, riche et musicale qui devra leur permettre de se passer de mari !!! Elles seront célibataires et  gouvernantes. Mais pourquoi ?

Un terrible secret en sera le socle et si je suis là pour raconter c’est que ma grand-mère a désobéi pour l’amour d’un beau militaire.

C’est cette histoire que je vais essayer de raconter. J’en connais les grandes lignes et les conséquences qu’il y a eu sur la vie de chacun des protagonistes ; papa et surtout maman nous en ont tellement parlé.

Quand, à mon tour, je la racontais, j’avais toujours la même réaction. « cette histoire est tellement romanesque !!!! »

C’est pour cela que Léonie disait «  je ne lis pas de roman car ma vie est un roman ».

J’espère que cette grand-mère que j’ai juste « croisée » dans cette vie sera derrière mon épaule pour que je ne m’écarte pas trop de son histoire.

Il faudrait bien sûr, que je fasse des recherches historiques car son histoire particulière d’alsacienne vivant à Paris s’inscrit dans celle plus globale de l’Alsace, déchirée entre deux nations et traversée par deux guerres.

Mais c’est avant tout une histoire humaine, pétrie d’émotions que je veux raconter, celle d’une femme forte et  intelligente qui a su affronter des défis difficiles.

Je suis fière d’être sa petite fille et je veux, enfin, lui rendre hommage en racontant le roman de sa vie.

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